L’autoédition est synonyme de liberté et constitue une perspective très attirante pour de nombreux auteurs. Cependant, alors que celle-ci semble se développer de plus en plus, l’autoédition comporte de nombreux pièges qui peuvent se révéler fatals pour un auteur voulant faire découvrir son livre. Passons en revue ces différents obstacles
Une apparente simplicité
L’autoédition est évidemment très simple. Il suffit de fournir un fichier epub ou même Word à une plateforme dédiée (KDP, Kobo, iTunes…) et le tour est joué ! Cependant, au-delà des problèmes de format de fichier (qui peuvent se révéler plus complexes que prévus), publier son livre sur une plateforme n’est que la partie émergée de l’iceberg et c’est même le plus facile à faire ! N’importe qui peut écrire un livre et désormais n’importe qui peut également le publier. Le plus difficile ne fait que commencer : faire connaître son livre.
Un mirage ?
L’autoédition est présentée à juste titre comme étant une révolution (notamment aux États-Unis) et a permis à des auteurs de vendre des milliers voire millions de livres. Mais derrière ces success stories se cache une réalité tout autre : 90% (estimation personnelle) des livres publiés en autoédition sont des échecs, ne dépassant pas la centaine d’exemplaires vendus. Il est vrai qu’un certain nombre d’auteurs autopubliés n’ont pas pour ambition de vendre des milliers de livres. Mais croire que des lecteurs vont s’intéresser à un livre autoédité et lui « donner sa chance » est complètement illusoire. L’autoédition peut être un moyen de succès, de réussite mais seulement dans des cas précis et souvent de manière accidentelle (voir mon article Autoédition et cygnes noirs : à quoi tient le succès ?).
« 90% des livres publiés en autoédition sont des échecs »
L’autoédition ne fait pas l’écrivain
Ce n’est pas parce que vous avez autopublié un livre que vous êtes écrivain. Vous l’êtes au sens littéral, car vous avez écrit un livre, mais vous n’êtes pas écrivain dans le sens commun du terme, pas aux yeux des lecteurs. En effet, un lecteur attend d’un auteur non seulement une histoire, des personnages travaillés, mais également un style et une langue française maîtrisés. Tout cela demande beaucoup de travail, soyez certains d’être au niveau avant de publier votre livre.
Une mauvaise réputation
L’autoédition a mauvaise réputation. Mal écrit, bourré de fautes d’orthographe, racontant une histoire banale et insipide, le livre autoédité souffre d’une très mauvaise image. De plus, beaucoup pensent que finissent en autoédition tous les livres dont n’ont pas voulu les éditeurs traditionnels. Pour être honnête, un grand nombre de livres autoédités sont de mauvaise qualité, car beaucoup d’auteurs tombent dans les pièges décrits dans cet article. Si vous choisissez l’autoédition, vous devrez surmonter cette mauvaise réputation et convaincre que votre livre vaut la peine d’être lu.
Des efforts de marketing et de promotion permanents
Je l’ai très souvent dit et répété sur ce blog donc je ne reviens pas dessus. Pour faire connaître votre livre, vous devez le présenter aux lecteurs et communiquer dessus en permanence. Les efforts à fournir sont considérables. Vous ne partez de rien. Vous avez écrit un livre ? Il est en vente sur Amazon ? Hormis vos amis et vos connaissances, tout le monde s’en fiche.
« Vous avez écrit un livre ? Il est en vente sur Amazon ? Tout le monde s’en fiche »
Tenir sur le long terme
Votre livre vient d’être publié, vous avez communiqué dessus, vous avez enregistrez des dizaines de ventes, vous êtes satisfaits. Puis, les semaines passent et plus rien. Plus aucune vente, rien. Votre expérience de l’autoédition aura duré un mois à peine. N’oubliez pas, vous devez convaincre en permanence les potentiels lecteurs que votre livre vaut la peine d’être lu. C’est un travail de longue haleine, il vous faut toucher le plus grand nombre de personnes possible. En débutant dans l’autoédition, il est essentiel de garder cette dimension à l’esprit. Si le lancement de votre livre peut s’apparenter à un sprint, le parcours de votre livre ressemble davantage à un marathon.
La reconnaissance
Que recherchez-vous en autopubliant votre livre ? Si vous espérez obtenir une forme de reconnaissance, sachez que c’est un pari très risqué. Obtenir des commentaires clients est très compliqué car il faut vendre beaucoup d’exemplaires. Certains commentaires peuvent être cruels, injustes et inappropriés. Il en va de même pour les chroniques sur des blogs ou autres. Et même dans le cas où vous vendez beaucoup d’exemplaires et obtenez des retours positifs, compte tenu de la mauvaise réputation de l’autoédition décrite précédemment, il est très probable que la qualité littéraire de votre livre soit perçue comment étant mauvaise, au mieux passable. Vous resterez un auteur autoédité, donc pas un véritable écrivain. Les critiques littéraires ont-ils déjà lu des livres autoédités ? Je pense cependant que peu à peu, cette perception évoluera favorablement et l’autoédition sera de plus en plus considérée. Mais cela risque de prendre beaucoup de temps.
robert
15 juin 2014 à 11 h 10 min
tout ce que vous dites la est vrai, mais tout ce que vous dites la est aussi valable pour l’edition classique
Fred@Ecrire... et s'enrichir !
15 juin 2014 à 16 h 32 min
Merci, Thibault, pour cette excellente analyse.
Oui, l’auto-édition recèle des pièges. Mais tous ces pièges sont « évitables ».
Comme tu le dis en introduction de cet article, dans l’absolu, publier un livre est simple. Mais le plus difficile est de faire connaitre son livre ET de publier un BON livre.
Et quand je dis un BON livre, c’est un livre avec une mise en forme optimale, une couverture professionnelle, une description efficace, un titre percutant…
Les couvertures des livres auto-édités sont trop souvent négligées, relevant de l’amateurisme de leurs auteurs, et décrédibilisent l’édition indépendante. Quel dommage, surtout lorsque l’on connait la qualité du contenu de ces livres.
Si un auteur un ouvrage de qualité professionnelle, s’il a bien préparé son étude de marché, s’il a mis en place un plan marketing efficace, rien ne s’oppose à son succès.
Mais cela fait beaucoup de « si ». Ainsi, j’encourage les auteurs indépendants à se faire aider dans les domaines où leurs compétences font défaut. Ce n’est pas parce que l’auteur auto-édité est indépendant qu’il doit travailler seul dans son coin ! Cette manière de faire conduit à l’échec.
Sinon, concernant la réputation de l’auto-édition, à mon sens, elle évolue déjà depuis quelques années, et se « professionnalise » de plus en plus.
À bientôt,
Fred
ESPER
15 juin 2014 à 19 h 39 min
Bonjour Thibault,
Ton analyse de l’autoédition est assez réaliste. Comme tu le dis, il faut sans doute se donner beaucoup de mal pour espérer peut-être un jour le succès… On peut donc se demander si cela vaut le coup de s’engager dans cette voie, sachant bien sûr que l’édition classique est aussi hors de portée. Malheureusement, nous sommes beaucoup à ne pas attendre grand chose d’Amazon et de l’autoédition. Pourtant, nous continuons à écrire pour le plaisir. Je sais que ce n’est pas suffisant pour les jeunes auteurs qui veulent espérer devenir « écrivains » un peu reconnus, mais je penses que la plupart vont se rendre compte rapidement après quelques mois de présence sur Amazon, après un peu d’activité sur leur blog et après un peu de promotion à droite ou à gauche que le résultat n’est pas brillant !
Tu écris que « 90% (estimation personnelle) des livres publiés en autoédition sont des échecs, ne dépassant pas la centaine d’exemplaires vendus ». Je crois que tu es encore un peu optimiste. Pour moi et (ayant procédé à un petit sondage maison), ce serait plutôt 98% qui vendent moins de 50 exemplaires par an !
A mon avis, si l’autoédition est mieux considérée un jour, ce sera pour ceux qui ont déjà « un nom reconnu » (célébrités, animateurs télé, journalistes, politiques, etc..)
Quand aux lecteurs qui seraient uniquement attirés par des « BONS » livres (professionnels, avec une belle histoire, un beau style, du talent, etc…), je n’y crois pas du tout.Les lecteurs vont certes choisir dans le Top cent en premier, mais ils focalisent sur un Nom connu ou sur un livre déjà très présent dans les médias !
Je suis tes publications, en particulier sur ton blog, depuis quelques temps ; je ne voudrais pas être trop pessimiste, mais je crains que tu fasses le même constat que moi dans peu de temps, et il me semble que tu n’en est pas très loin ?
Que faire ? Faut-il décourager les jeunes d’écrire et de s’autoéditer ? Non. Il feront leur propre expérience. Reste à attendre qu’ Amazon s’intéresse un peu plus à ce problème en proposant des possibilités de marketing nouvelles pour les petits nouveaux. je sais qu’il ne faut pas rêver, mais le système Top 100 et commentaires est très insuffisant pour le moment.
On commence à trouver un peu partout les mêmes conseils de promotion des livres sur les blogs d’auteurs, mais le résultat n’est pourtant pas très bon. Le pire c’est les ebooks qui donnent des conseils pour écrire et vendre des ebooks. Je m’y suis intéressé un peu, mais je n’ai pratiquement pas trouvé de livres publiés qui correspondent à ce qu’ils préconisent, à une ou deux exceptions près !
Désolé de ne pas faire un commentaire positif. Je sais que c’est plutôt la coutume sur les blogs intéressants, comme le tiens, mais cela peut aider aussi à ne pas persister dans des voies sans issue.
Nous sommes tous preneurs de conseils, mais un peu de lucidité ne fait pas de mal et peut-être qu’il faut rechercher d’autres « types » de conseils.
Cordialement.
ESPER.
Matthieu Biasotto
17 juin 2014 à 18 h 56 min
Bonsoir cet article reflète une certaine réalité, mais rien de bien nouveau selon moi. Ce n’est pas l’auto-édition qui est en cause. C’est croire que l’on peut réussir en abordant la chose en amateur. S’affranchir des contraintes de l’édition classique ne donne pas le droit de faire n’importe quoi. Le contenu, comme la couverture et la communication doivent mériter une attention particulière. On s’édite seul = on endosse clairement le rôle du professionnel de l’édition qui va aligner les facteurs pour un lancement optimal et allonger la durée de vie du livre. Il faut juste en avoir conscience pour avoir la moindre de chance de vendre.