Ces derniers mois, j’ai manqué de temps pour rédiger des articles pour le blog et pour avancer sur mes projets d’écriture. Je songeais avec envie au moment où je pourrais m’asseoir devant mon ordinateur.
Essoufflement
Cependant, j’ai également ressenti un puissant sentiment de découragement. Cela n’était pas la première fois que cela m’arrivait mais cette fois-ci, j’avais la sensation d’être arrivé à la fin d’un cycle, que je m’essoufflais… Contrairement à de précédentes périodes de démotivation, ces semaines me paraissaient longues et plus inquiétant, même si j’avais envie d’écrire, je manquais d’inspiration, je doutais et je me répétais : « A quoi bon ? ».
A ma plus grande honte, je n’ai rien publié depuis quatre ans. J’ai cependant écrit des centaines de pages sur des projets différents, que j’ai délaissés essentiellement par manque de temps (non pas pour écrire, mais pour m’investir complètement, trouver un rythme régulier).
Combien d’auteurs autoédités ont abandonné, vaincus par les ventes au compte-goutte, l’indifférence totale des internautes et lecteurs ? [...] une armée.
Persévérer malgré les échecs et le temps qui passe
Pour entretenir sa motivation, l’auteur a besoin, entre autres, de récompenses qui peuvent être bien sûr des ventes mais aussi des commentaires clients élogieux ou des échanges fructueux avec des lecteurs ou des pairs. Cela est valable pour n’importe quelle activité ou projet dans lequel on s’investit : on a besoin de tirer profit de l’activité exercée et de progresser pour renouveler sa motivation. Or, l’activité d’écriture est ingrate. Combien d’auteurs autoédités ont abandonné, vaincus par les ventes au compte-goutte, l’indifférence totale des internautes et lecteurs ? Soyons francs : ils sont une armée.
Et même parmi ceux qui ont rencontré du succès, auront-ils la motivation suffisante pour écrire de nouveaux livres ? Auront-ils le même succès ? Pendant combien de temps ? On peut avoir du succès un temps (quelques années voire dix ans) pour sombrer finalement peu à peu dans l’oubli et l’indifférence… Ces questions sont applicables aux auteurs édités de manière traditionnelle et à beaucoup d’artistes qui connaissent des parcours chaotiques. Les efforts à fournir sont importants, il faut travailler des heures et des heures pour un résultat incertain, le plus souvent nul (oui, comme si on avait travaillé pour rien). Comme je le précisais dans mon précédent article Peut-on prédire le succès littéraire ?, le hasard conditionne le succès.
Tenir est un succès en soi
L’idée que personne ne me lit et que je perds mon temps me taraude. Je me console en me répétant que j’écris au moins pour moi et que cela me permet de progresser et d’enrichir mon expérience. Cela n’est pas toujours suffisant pour trouver la motivation. J’ai bien conscience d’être le seul fautif puisque je n’ai rien publié de nouveau depuis quatre ans. Me voici donc pris dans un cercle vicieux…
L’idée que personne ne me lit et que je perds mon temps me taraude.
Cela me tourmente d’autant plus que les « tentations » sont nombreuses. Il est difficile de dégager du temps pour écrire et il est facile d’occuper autrement son temps libre. Au final, je crains de glisser peu à peu vers d’autres activités, de voir mon temps libre se réduire et finalement ne plus avoir l’énergie pour écrire.
Le seul et unique enjeu est celui-ci : tenir. Que l’on soit auteur publiant son premier roman, auteur à succès devant publier un nouveau titre, aspirant auteur… Il faut conserver sa motivation sur le long terme, le très long terme : des années voire des dizaines d’années. Il faut persévérer, réussir tout au long des années à maintenir sa motivation. Remplir les objectifs que l’on s’est fixés est louable et doit être une source de fierté. Tenir est déjà un succès en soi.
Florian
14 septembre 2016 à 12 h 27 min
Je me reconnais beaucoup dans l’article ! Nous partageons les mêmes états d’âme.
Dommage que l’article ne présente pas des techniques ou astuces pour retrouver la motivation.
Annie STEFFEN
18 septembre 2016 à 8 h 15 min
Bonjour,
Votre article tombe à point. Oui, nous avons tous besoin d’encouragement, de persévérance.
il faut trouver son « second souffle » dans cette course éreintante… Je vais bientôt publier mon premier roman en ebook. J’ai choisi cette voie pour commencer car je crois au développement de l’édition numérique. Je ramine chaque matin que Dieu fait, la flamme de mon courage. Comme vous !
En vous laissant un commentaire, je voudrais vous dire que je vous rejoins dans vos doutes et vos combats. Je ne suis qu’une anonyme cherchant encore ma voix. Mais une chose est certaine : si nous ne voulons pas rester un écho mais bien au contraire faire la différence par notre production, une production authentique, nous allons connaître encore des difficultés. Mais qu’est-ce comparé à la joie de s’exprimer et de toucher les vies ?
Je vous souhaite bon courage. L’ingrédient indispensable dans cette épreuve qui nous est proposée et que nous avons aussi choisie;
Non, vous n’êtes pas seul. Et vous faites la différence !
Bien sincèrement Annie Moulin Steffen.
thibaultdelavaud
18 septembre 2016 à 17 h 36 min
Merci beaucoup pour votre commentaire. A bientôt !
Damien
20 septembre 2016 à 10 h 15 min
Bonjour,
Ecrire c’est aussi offrir, partager… C’est une habitude quotidienne qu’on peut pratiquer comme un geste d’hygiène.
Ecrivez, lisez, pour faire vivre votre muse et votre inspiration !
Continuez !
Bon courage,
Damien.
http://www.facebook.com/DAllemandEcriture/
colombuslevoyagesansretour.wordpress.com/
Pierre
9 octobre 2016 à 19 h 18 min
Merci pour ce bel article Thibault !
C’est aussi la difficulté qui donne du goût à l’aventure. Et il n’y a pas de honte à arrêter un projet, écrire un livre est déjà un accomplissement, il faut parfois savoir mettre fin à certains projets pour laisser la place à d’autres.
Bonne journée,
Pierre
http://www.en2heures.fr
Selma Bodwinger
9 octobre 2016 à 20 h 13 min
Bonjour Thibault !
Il faut se garder des jugements de valeur. En soi, il n’y a pas de supériorité entre une activité et une autre. Rien ne t’oblige à écrire.
Pour avoir écrit un court roman qui ne se vend guère, je me pose aussi la question. Mais j’y réponds assez vite. S’il a été peu lu, il a permis à quelques personnes de passer un bon moment. Et surtout, quand je me projette au jour de ma mort, j’ai envie d’avoir fait autre chose que de travailler en attendant la retraite. Et tant qu’à faire, quelque chose qui me donne du plaisir. L’écriture n’est pas une souffrance, pas seulement. Ce sont aussi des instants d’exaltation et de réussite.
Quant à la difficulté de se lancer dans de gros projets qui peuvent s’enliser, j’ai trouvé une solution, produire de temps en temps des textes courts, qui permettent d’animer ma page facebook, présenter autre chose que les sempiternels commentaires Amazon et j’obtiens ainsi des retours rapides sur mon travail en attendant que je ponde mon deuxième chef d’oeuvre ! Je n’y participe pas par manque de temps, mais les auteurs qui mettent en ligne des textes sur scribay et wattpad ont aussi des retours immédiats sur leur travail et je pense que cela les motive. Le temps de l’auteur dans sa tour d’ivoire est révolu…
Michel Bellin
9 octobre 2016 à 23 h 06 min
Bonjour, Thibault.
Plutôt re-bonjour puisque je viens de laisser un 6ème commentaire après « L’autoédition : fin de l’histoire » où je conseille de persévérer, de creuser son chemin, d’y croire et de tenir. Méthode Coué ? Peut-être…
En fait, la seule réponse à ta lassitude, à ton mutisme, à ce découragement face à la page blanche que tu exprimes si bien (les nôtres aussi, rassure-toi !), c’est à R.-M. Rilke qui faut la donner. Réponse que chacun d’entre nous doit élaborer, qu’il ait 25, 40 ou 69 ans. Car c’est LA question essentielle à laquelle chaque apprenti auteur doit tenter d’apporter une réponse fondamentale. Pas forcément définitive. Mais authentique. Une réponse qu’on donne les yeux dans les yeux, oserais-je dire, à son écran ou à sa page vierge. Après avoir longtemps médité. Peut-être en tremblant ou en pleurant.Terrible silence… Terrible aveu ! Terrible question. Sans plus tarder, la voici, cette question décisive qui appelle le OUI, ou le NON, surtout pas le OUI MAIS…, encore moins le FAUT VOIR :
» Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s’il pousse ses racines au plus profond de votre coeur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s’il vous était défendu d’écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de votre nuit : « Suis-je vraiment contraint d’écrire ? » Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple : « Je dois », alors construisez votre vie selon cette nécessité. Votre vie, jusque dans son heure la plus indifférente, la plus vide, doit devenir signe et témoin d’une telle poussée. »
R.-M. Rilke, Lettres à un jeune poète, Grasset, Paris, 1996, page 20.